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L’ADERA AVEC HALTE AU TARMAC DEMANDE L’ANNULATION DU CONTRAT D’EXPLOITATION DE L’AEROPORT
ENGLISH TRANSLATION BELOW
Pour télécharger le communiqué de presse : COMMUNIQUE DE PRESSE DU 11 MARS 2025
Santé, climat : trois associations attaquent l’aéroport de Beauvais en justice
Beauvais, 11 mars 2025
Les associations Notre Affaire à Tous, Sauvez le Beauvaisis, ADERA engagent aujourd’hui un recours auprès du tribunal administratif d’Amiens pour empêcher l’expansion du trafic aérien à l’aéroport de Beauvais, hub de la compagnie low-cost Ryanair. L’action en justice qu’elles lancent est la première, en France, à articuler les volets santé (nuisances sonores, pollution aux particules fines) et climat (émissions de gaz à effet de serre) pour exiger l’annulation d’un contrat de concession aéroportuaire.
Dix ans après la signature de l’Accord de Paris, le compte n’y est pas. L’État, qui s’est engagé à une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, ne parvient pas à tenir la trajectoire qu’il s’est fixée. Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, la validation des projets d’extension d’aéroports régionaux (à Beauvais, Lille, Nice, Montpellier, etc.) et la croissance spectaculaire des compagnies low-cost (Ryanair, WizzAir, EasyJet, etc.)1 font apparaître une déconnexion croissante entre les ambitions climatiques nationales et le business as usual des politiques locales. Il est urgent de rompre aujourd’hui avec cette logique et d’exiger une plus grande cohérence dans l’action publique. Alors que les événements climatiques se multiplient tout autour de la planète (inondations à Valence, cyclone à Mayotte, mégafeux à Los Angeles), est-il vraiment acceptable de continuer à faire la promotion de vols à prix cassés pour aller faire les soldes à Barcelone le temps d’un week-end ?
Certains n’hésitent pas à répondre par l’affirmative. Le 17 juillet 2024, le Syndicat mixte de l’aéroport de Beauvais Tillé (SMABT), établissement public de coopération entre collectivités (agglomération du Beauvaisis, département de l’Oise et région Hauts-de-France), a ainsi confié à la société Bellova (consortium Bouygues-Egis) la gestion et l’exploitation de la plateforme aéroportuaire pour une durée de 30 ans. Négocié dans la plus grande opacité, le contrat de concession table sur une très forte hausse du trafic aérien : de 3,9 millions de passagers en 2019, celui-ci devrait atteindre 7,2 millions de passagers en 2030 (+85%), avant de se hisser à 9,4 millions de passagers au terme de la concession (+141%)2. Pour y satisfaire, les terminaux de l’aéroport devront être rénovés et agrandis.
“La croissance du trafic prévue pour l’aéroport de Beauvais excède nettement les objectifs visés par la France : la hausse de +85% du nombre de passagers d’ici à 2030 excède de 67 points le seuil défini par le projet de Stratégie Nationale Bas Carbone 3 (+18%) – lequel envisage une diminution très rapide des émissions au-delà de cette date3”, alertent les associations.
Cette croissance de l’activité bénéficiera très largement à Ryanair, entreprise entrée récemment dans le top 10 des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de l’Union européenne4. L’hostilité de la compagnie irlandaise à l’égard des réglementations sociales et environnementales est au moins aussi connue que sa capacité à faire pression sur les collectivités locales pour capter des subventions publiques5. Malgré tous leurs efforts pour susciter un véritable débat démocratique dans le Beauvaisis, et malgré un positionnement entendable (maintenir le trafic à l’état actuel), les associations locales se sont heurtées à un mur de mépris et d’indifférence. Dans les zones survolées, pourtant, les riverains sont toujours plus nombreux à se mobiliser, inquiets des effets néfastes pour leur santé d’un développement accéléré de l’aéroport.
La croissance du trafic aérien a, de fait, déjà entraîné une hausse significative des émissions de particules ultrafines. Les données récoltées par les stations de mesure à proximité directe de l’aéroport et publiées chaque trimestre par l’exploitant6 montrent que les concentrations de polluants dépassent fréquemment les seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé7, et qu’elles font courir des risques sanitaires graves (cancers, maladies respiratoires) aux populations des zones survolées. Rappelons que la pollution de l’air est responsable de 48 000 décès chaque année en France, et qu’il est établi que l’impact des aéroports en la matière a été très longtemps sous-estimé 8.
Le plan de développement visé par le contrat exposerait également les riverains à une hausse significative des nuisances sonores et aux risques sanitaires associés (troubles du système auditif, mais aussi perturbations du sommeil, maladies cardiovasculaires, baisse des capacités d’apprentissage, etc.), alors même que – de nouveau – le bruit enregistré par les cinq stations d’écoute situées à proximité de l’aéroport excède déjà les seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé9. En cas de hausse du trafic, l’intensification des vols de nuit observée depuis une dizaine d’années10 devrait se poursuivre, alors même que les effets nocifs de la pollution sonore sont accrus en période nocturne.
Alarmées par l’absence de réelle prise en compte de ces enjeux sanitaires et climatiques sur le territoire, ces associations locales s’allient aujourd’hui à Notre Affaire à Tous pour ouvrir un nouveau chapitre dans la mobilisation.
L’arrêt récent de la Cour européenne des droits de l’homme (30 janvier 2025) jugeant que l’État italien avait violé le droit des habitants de la province de Campanie à vivre dans un environnement sain, et, moins d’un mois plus tard, la décision historique du juge administratif (27 février 2025) d’annuler les travaux sur l’A69 ont confirmé la légitimité des mouvements citoyens mobilisés sur les territoires pour y défendre l’intérêt général.
Pour les associations requérantes : “L’extension de l’aéroport de Beauvais est bien plus qu’un problème local : c’est le révélateur d’un échec persistant dans la lutte contre le réchauffement climatique, et d’un déni des impacts délétères du transport aérien sur la santé des riverains d’aéroport. Tant que les collectivités continueront à soutenir des projets ultra-émetteurs en contradiction avec les engagements nationaux et internationaux, nous irons collectivement dans le mur. Mais ce n’est pas une fatalité. La hausse du trafic aérien peut être empêchée : d’autres avenirs sont possibles.”
Contacts :
Notre Affaire à Tous – Justine Ripoll, Responsable de campagnes : justine.ripoll@notreaffaireatous.org – 06 42 21 37 36.
Sauvez le Beauvaisis – Hélène Vivier, Secrétaire de l’association : sauvezlebeauvaisis@gmail.com – 06 17 14 54 31
ADERA – Dominique Lazarski, Présidente de l’association :
dlazarski.adera@gmail.com – 06 30 82 65 93
Notes :
1 “Émissions de l’aviation en 2023 : l’inquiétant rebond des compagnies low-cost”, étude publiée par Transport & Environnement, avril 2024
2 Rapport d’analyse des offres remis au SMABT en avril 2024.
3 Cf. les hypothèses de calcul pour le transport aérien international – et, plus largement, la feuille de route établie pour le secteur par le Ministère de l’écologie.
4 “‘Ryanair is the new coal’: airline enters EU’s top 10 emitters”, The Guardian, avril 2019
5 Deux rapports de la Cour des comptes régionale publiés en 2008 et en 2017 ont épinglé la mauvaise gestion de l’aéroport de Beauvais, pointant les largesses concédées à la compagnie irlandaise.
6 Les données de 2015 à 2024 sont disponibles au téléchargement sur le site de l’aéroport.
7 Déclinés dans la Directive (UE) 2024/2881 du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2024 concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe.
8 “Les particules ultrafines des avions font peser un risque sur la santé de 11 millions de Français”, étude publiée par Transport & Environnement, avril 2024
9 Déclinés dans la Directive du Parlement européen et du Conseil du 25 juin 2002 relative à l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environnement.
10 Ceux-ci ont augmenté de 118% entre 2015 et 2023, alors que le nombre de mouvements n’a augmenté que de 48% sur la même période.
- TRANSLATION INTO ENGLISH
Health, climate: three associations take Beauvais airport to court
Beauvais, 11 March 2025
The associations Notre Affaire à Tous, Sauvez le Beauvaisis and ADERA are today taking legal action before the Administrative Court of Amiens to stop the expansion of air traffic at Beauvais airport, the hub of the low-cost airline Ryanair. The legal action they are launching is the first in France to combine health (noise pollution, fine-particle pollution) and climate (greenhouse gas emissions) issues to demand the cancellation of an airport management contract.
Ten years after the signing of the Paris Agreement, there is still a long way to go. The French government, which committed itself to a drastic reduction in greenhouse gas emissions by 2030, is failing to meet the targets it set itself. Since the end of the Covid-19 pandemic, the approval of plans to extend regional airports (in Beauvais, Lille, Nice, Montpellier, etc.) and the spectacular growth of low-cost airlines (Ryanair, WizzAir, EasyJet, etc.)[i] have revealed a growing disconnect between national climate ambitions and the business as usual of local policies. There is an urgent need to break with this logic and demand greater coherence in public action. At a time when climate events are multiplying all around the planet (floods in Valencia, cyclones in Mayotte, megafires in Los Angeles), is it really acceptable to still promote knock-down air fares to spend a week-end in Barcelona during the sales shopping period ?
Some are quick to say yes. On 17 July 2024, the Syndicat mixte de l’aéroport de Beauvais Tillé (SMABT), a public body made up of local authorities (the Beauvaisis conurbation, the Oise département and the Hauts-de-France region), awarded the management and operation of the airport hub to Bellova (a Bouygues-Egis consortium) for a period of 30 years. Negotiated with the utmost opacity, the concession contract is based on a very sharp rise in air traffic: from 3.9 million passengers in 2019, it should reach 7.2 million passengers in 2030 (+85%), before rising to 9.4 million passengers at the end of the concession (+141%)[ii]. To meet this demand, the airport’s terminals will have to be renovated and expanded.
‘The growth in traffic forecast for Beauvais airport clearly exceeds the targets set by France: the 85% increase in passenger numbers between now and 2030 exceeds by 67 points the threshold defined by the draft National Low Carbon Strategy 3 (+18%), which envisages a very rapid reduction in emissions beyond that date[iii]’, warn the associations.
This growth in activity will be of great benefit to Ryanair, which recently became one of the European Union’s top 10 greenhouse gas emitters[iv]. The Irish airline’s hostility to social and environmental regulations is at least as well-known as its ability to put pressure on local authorities to attract public subsidies[v]. Despite all their efforts to encourage a genuine democratic debate in the Beauvaisis area, and despite an understandable position (to maintain traffic as it is), the local associations have come up against a wall of contempt and indifference. In the areas overflown by the airport, however, local residents are mobilising in ever-greater numbers, concerned about the harmful effects on their health of the airport’s accelerated development.
The growth in air traffic has already led to a significant increase in ultrafine particle emissions. The data collected by the measuring stations in the direct vicinity of the airport and published quarterly by the operator[vi] show that pollutant concentrations frequently exceed the thresholds recommended by the World Health Organisation[vii], and that they pose serious health risks (cancers, respiratory diseases) to the populations of the areas overflown[viii]. It should be remembered that air pollution is responsible for 48,000 deaths every year in France, and that it has been established that the impact of airports on air quality is significant…and remained understated for a long time.
The development plan targeted by the contract would also expose local residents to a significant increase in noise pollution and the associated health risks (hearing problems, but also sleep disturbance, cardiovascular disease, reduced learning capacity, etc.), even though – once again – the noise recorded by the five monitoring stations located near the airport already exceeds the thresholds recommended by the World Health Organisation[ix]. If traffic increases, the intensification of night flights observed over the last ten years[x] is likely to continue, even though the harmful effects of noise pollution are greater at night.
Alarmed by the lack of any real consideration being given to these health and climate issues in the region, these local associations are today joining forces with Notre Affaire à Tous to open a new chapter in the campaign.
The recent ruling by the European Court of Human Rights (30 January 2025) that the Italian state had violated the right of the inhabitants of the province of Campania to live in a healthy environment, and, less than a month later, the historic decision by the administrative judge (27 February 2025) to cancel work on the A69, have confirmed the legitimacy of citizens’ movements mobilised in local areas to defend the general interest.
For the applicant associations: ‘The extension of Beauvais airport is much more than just a local problem: it is the revelation of a persistent failure in the fight against global warming, and a denial of the deleterious impact of air transport on the health of people living near airports. As long as local authorities continue to support high-emission projects that run counter to national and international commitments, we will all be heading for disaster. But it doesn’t have to be that way. The increase in air traffic can be prevented: other futures are possible.’
Contacts :
Notre Affaire à Tous – Justine Ripoll,
Campaign manager: justine.ripoll@notreaffaireatous.org – 06 42 21 37 36.
Sauvez le Beauvaisis – Hélène Vivier, Association Secretary:
sauvezlebeauvaisis@gmail.com – 06 17 14 54 31
ADERA – Dominique Lazarski, President of the association:
dlazarski.adera@gmail.com – 06 30 82 65 93
Notes :
[i] ‘Aviation emissions in 2023: the worrying rebound of low-cost airlines’, study published by Transport & Environnement, April 2024
[ii] Tender analysis report submitted to SMABT in April 2024.
[iii] See the calculation assumptions for international air transport – and, more broadly, the roadmap drawn up for the sector by the Ministry of of Ecology
[iv] ’Ryanair is the new coal‘: airline enters EU’s top 10 emitters’, The Guardian, April 2019
[v] Two reports by the regional Cour des Comptes published in 2008 and 2017 criticised the poor management of Beauvais airport, pointing to the largesse conceded to the Irish airline
[vi] Data from 2015 to 2024 are available to download from the airport’s website
[vii] Set out in Directive (EU) 2024/2881 of the European Parliament and of the Council of 23 October 2024 on ambient air quality and cleaner air for Europe
[viii] ‘Les particules ultrafines des avions font peser un risque sur la santé de 11 millions de Français’, study published by Transport & Environnement, April 2024
[ix] Set out in the Directive of the European Parliament and of the Council of 25 June 2002 relating to the assessment and management of environmental noise
[x] These have increased by 118% between 2015 and 2023, while the number of movements has only increased by 48% over the same period
DEROGATIONS AU COUVRE-FEU
Et voilà, après 3 ans de test, l’administration veut pérenniser la faculté d’octroyer des dérogations au couvre-feu, de minuit à une heure, à certaines conditions peu précises.
Préalablement à la signature du texte de l’arrêté, une consultation publique est engagée sur le site du ministère du développement durable. L’usage n’est pas évident est nombreuses sont les personnes qui m’ont demandé comment il fonctionnait… en effet, il n’est pas intuitif.
La consultation sera en ligne jusqu’au 10 février à cette adresse : https://www.vie-publique.fr/consultations/296946-projet-darrete-restrictions-exploitation-aerodrome-beauvais-tille-oise
L’ADERA a déposé le commentaire que vous trouverez ci-après :
CONTRE LE PROJET D’ARRETE RELATIF AUX RESTRICTIONS D’EXPLOITATION DE L’AERODROME DE BEAUVAIS-TILLE
L’ADERA est une association représentant les riverains de l’aéroport de Beauvais-Tillé qui défend l’environnement sur le territoire affecté par les pollutions générées par l’exploitation de l’aérodrome de Beauvais-Tillé.
Les commentaires sur l’arrêté objet de la consultation doivent être éclairés par les notes de présentation des arrêtés modificatifs précédents, en 2019 et en 2021 mises en ligne par le ministère.
La compagnie Ryanair souhaitait baser trois de ses avions à Beauvais-Tillé, mais cette base ne pouvait voir le jour que si les avions en retard pouvaient rentrer à l’aéroport pendant la période couverte par le couvre-feu. L’aéroport et le syndicat mixte propriétaire de l’aéroport voyaient en cette opportunité l’essor toujours plus grand de l’aéroport.
De fait, de 4.500 mouvements d’avions commerciaux en l’an 2000 à près de 24.000 en 2019, la croissance de l’aéroport avait été impressionnante mais il en fallait encore plus, quitte à nuire encore plus aux riverains.
Pendant près de 20 ans, les riverains de l’aéroport ont pu être protégés la nuit par l’arrêté du 25 avril 2002 imposant un couvre-feu de minuit à 5 heures. Les seules dérogations possibles concernaient les vols sanitaires, les cas d’urgence, les vols gouvernementaux par exemple. Les avions arrivaient le matin vers 8 heures, ils repartaient vers 8h30 et il n’y avait quasiment pas d’infraction au couvre-feu. Le nombre de vols de nuit, c’est-à-dire entre 22 heures et 6 heures, n’excédait pas 1.758 par an (chiffre de 2019, représentant 7,2% du trafic total).
Le premier arrêté autorisant des dérogations au couvre-feu a pris effet en 2020, mais, après son annulation par le conseil d’état pour régression environnementale, un deuxième arrêté l’a remplacé, prenant effet courant mars 2022.
Présenté par les dirigeants de l’aéroport et du syndicat mixte propriétaire de l’aéroport comme une possibilité de baser deux à trois avions, il y a maintenant cinq avions basés à Beauvais-Tillé et l’aéroport peux en accueillir un plus grand nombre, jusqu’à 12 aujourd’hui et bientôt 18 après les travaux d’agrandissement prévus pour les années à venir. L’opération permettait également un apport de 2 millions de passagers en quatre ans. Le but est atteint puisqu’il y a eu plus de 6 millions de passagers en 2024 contre un peu moins de 4 millions en 2019.
A la suite de l’installation de la base Ryanair, nous avons constaté un changement radical d’exploitation des plages horaires de l’aéroport. Les premiers départs d’avions se font dès 6 heures au lieu de 8h30 et le nombre d’avions de nuit a considérablement augmenté, jusqu’à quadrupler à certaines périodes en 2024.
Le tableau ci-après est issu des informations données par l’aéroport dans son bulletin de l’environnement. L’année 2018 n’est pas renseignée par l’aéroport et l’année 2020 est celle de la fermeture partielle en raison de la pandémie du COVID.

- Le couvre-feu, une protection environnementale à visée sanitaire
Un couvre-feu de 5 heures avait été mis en place en 2002 pour protéger les riverains de l’aéroport contre les risques d’exposition au bruit des avions la nuit. Il s’agissait d’une mesure environnementale à portée sanitaire. Les scientifiques ont démontré depuis des décennies, et en France, notamment dans l’étude DEBATS, que le bruit est dangereux pour la santé et que le bruit la nuit est encore plus à l’origine de stress qui conduit à l’hypertension, elle-même facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Le bruit est la deuxième cause environnementale de décès prématuré en Europe.
Qui peut vivre avec moins de 5 heures de calme par 24h?
Le couvre-feu de Beauvais-Tillé n’est prévu que pour la période en cœur de nuit, d’une durée de 5 heures. Il est largement insuffisant pour correctement protéger les riverains. La nuit est une période de 8 heures consécutives, définie par la directive 2002/49 sur le bruit dans l’environnement et par l’OMS. Au lieu d’assouplir et de réduire le bénéfice du couvre-feu, il devrait au contraire être étendu à une période plus longue couvrant la totalité de la nuit, soit 8 heures.
Il faut également insister sur le fait que l’aéroport de Beauvais est enchâssé dans la commune de Tillé et que de nombreux passagers garent leur voiture sur le territoire de cette commune pour rejoindre les aérogares à pied en traînant leurs valises dans la rue et en bavardant comme s’ils étaient seuls au monde. L’aéroport ouvrant le matin à 3h30, il ferme à 23h30 ou plus tard en cas de retard d’avion. Les habitants de Tillé sur les voies d’accès à l’aéroport n’ont donc eux, qu’au maximum 3 à 4 heures de repos.
L’ADERA est donc opposée à la prorogation des possibilités de dérogations pour l’atterrissage d’aéronefs pendant le couvre-feu, autres que celles déjà prévues à l’arrêté du 25 avril 2002. - Modification de l’arrêté du 8 mars 2022 sur les dérogations au couvre-feu
Côté aéroport et syndicat mixte propriétaire de l’aéroport, les dérogations sont justifiées par une raison purement économique, le développement de l’aéroport grâce à la base Ryanair, qui pourrait par la suite s’étendre à Wizzair ou à d’autres compagnies aériennes clientes de l’aéroport.
Côté administration, on met plutôt en avant les droits des passagers.
Mais quel est l’intérêt public supérieur qui justifie qu’une telle pollution, notamment sonore, ayant un effet délétère sur la santé des riverains (que ce soit au départ de l’avion, qu’à son arrivée à Beauvais-Tillé), causant un risque accru de maladie cardiovasculaire et de mortalité soit imposé aux riverains ?
Pour rappel, voici les conclusions de l’étude DEBATS (Rapport_Debats_2020.pdf) :
L’étude écologique suggère qu’une augmentation de l’exposition au bruit des avions de 10 dB(A) est associée à un risque de mortalité plus élevé de 18 % pour l’ensemble des maladies cardiovasculaires, de 24 % pour les seules maladies cardiaques ischémiques et de 28 % pour les seuls infarctus du myocarde.
L’OMS, dans ses lignes directrices pour l’Europe expose que pour le bruit aérien, le risque de perdre des jours de vie en bonne santé apparait dès une exposition à Lden 45 dB et Lnight 40 dB. Les contours de bruit à Beauvais-Tillé, comme partout en France pour les aéroports dits « acnusés », commencent à Lden 50 dB. Le plan d’exposition au bruit de 2012 pour un trafic maximum de 32.000 mouvements de même que le plan de gêne sonore de 2012 également pour un trafic de 28.000 mouvements sont obsolète depuis plusieurs années et aucune décision de révision n’a été prise.
L’emport moyen à Beauvais est de 167 passagers. Il y a donc environ 167 personnes dans l’avion (Bulletin de l’environnement de l’aéroport Le bulletin de l’environnement: Aéroport Paris-Beauvais) qui voyagent pour le tourisme ou visiter leur famille, principalement le tourisme s’agissant de l’aéroport de Beauvais. Tout voyageur, quel que soit le mode de transport peut parfois subir des aléas. Une panne de voiture, un choc de locomotive avec un animal, un retard important de train. Ces aléas sont supportés normalement par le voyageur, sauf pour les transports aériens. Ce sont les riverains qui doivent supporter les aléas des transports qui devraient rester à la charge des passagers. Un avion avec à son bord 167 personnes réveille toute une région. Des milliers de personnes, au départ comme à l’arrivée. Si l’avion avait attendu le matin pour partir, les passagers auraient été hébergés et nourris… et parfois aussi indemnisés d’un montant souvent bien supérieur au prix d’achat du billet. Oui, un avion retardé c’est un coût pour la compagnie aérienne… mais c’est aussi un poids pour les survolés. Les riverains, eux, n’ont aucune indemnisation, aucun recours, juste des réveils en pleine nuit qui pourrissent leur repos, les fatigue, empêche le développement cognitif des enfants, altèrent leur journée de travail le lendemain. - Si des dérogations doivent être accordées, il faut mieux les encadrer
Déjà en 2019 et en 2022 nous avions des observations sur les projets d’arrêtés, qui n’avaient pas été reprises. Il est encore temps d’y remédier et nous vous demandons donc d’apporter les modifications suivantes au projet d’arrêté : - Avions autorisés à atterrir : il nous avait été affirmé qu’il s’agirait des avions de dernière génération. Ceux visés par l’arrêté de 2022 (chapitres 4 et 14) ne sont pas forcément les avions de dernière génération. Nous vous demandons donc que plutôt de raisonner en marge de bruit de certification, il faudrait mentionner le cumul de bruit certifié en EpndB des avions bénéficiant des dérogations. C’est d’ailleurs ce que demandait l’ACNUSA en 2022. Quant aux avions « ayant une marge cumulée égale ou supérieure à 13 EPNdB » par rapport au chapitre 3, il ne s’agit pas des avions les plus performants. Ces derniers cumulent 17 EPNdB de marge par rapport au chapitre 3, et ce sont ceux certifiés en application du chapitre 14.
- Programmation des vols : depuis 2022 il y a eu un doublement voire un quadruplement des avions la nuit, pendant la période 22h-minuit. Nous faisons le lien entre la montée en puissance de la base Ryanair, qui ne s’installait que s’il y avait des droits à dérogations au couvre-feu.
Les avions arrivant de plus en plus tard, leur programmation à l’arrivée comme au départ devrait être faite jusqu’à 22h30 mais pas au-delà pour éviter des débordements trop tardifs. - L’un des critères de l’octroi d’une dérogation est qu’il doit s’agir d’un avion « subissant un retard pour des raisons indépendantes de la volonté du transporteur » . Nous ne connaissons pas de transporteur ayant une volonté d’arriver en retard. Nous n’avons aujourd’hui pas de précisions sur les raisons des retards et tout reste très flou. D’ailleurs, les services concernés de la DGAC nous ont confié qu’elle ne vérifiait pas la véracité de la cause du retard. Même si nous n’avons pas de contentieux comme à d’autres aéroports (Nantes, Bâle-Mulhouse ou Orly par exemple) nous souhaiterions préciser les justifications des retards donnant droit à dérogation comme cela a été fait à Nantes dans un arrêté du 23 mai 2024 :
« Sont notamment considérés comme raisons indépendantes de la volonté du transporteur les évènements suivants, survenus au cours d’une même journée d’exploitation, qui, par leur nature, origine, ampleur ou caractère inhabituel, ont pour effet d’affecter l’exploitation normale d’un aérodrome ou d’un aéronef ou de perturber la programmation des vols, sauf s’ils auraient pu être évités ou minimisés par des mesures raisonnables prises par le transporteur aérien :
« 1° Le déroutement d’un vol en raison d’une urgence sanitaire survenue à bord ;
« 2° Un conflit social ou une manifestation, extérieurs à l’activité du transporteur ;
« 3° Une instruction d’un service du contrôle de la circulation aérienne modifiant la programmation horaire initiale d’un vol ;
« 4° Un problème d’ordre technique affectant l’aéronef qui échappe à la maîtrise effective du transporteur ;
« 5° Un événement susceptible d’affecter la sûreté ou la sécurité d’un vol ;
« 6° Un événement lié à l’exploitation de l’aéroport de départ ou d’arrivée ou à l’exploitation de l’aéronef au sol. » - Heure d’arrivée basée sur le « toucher de roue » : Pourquoi avoir deux formats différents pour le départ et l’arrivée. Pour le départ, on considère le départ du bloc, donc un avion peut décoller pendant le couvre-feu s’il a commencé à quitter le parking avant minuit. Les riverains sont souvent agacés et comprennent mal ce décollage pendant le couvre-feu. Il faudrait aligner les procédures. Si l’arrivée d’un avion dans les horaires autorisés dépend de l’heure d’atterrissage, son heure de départ devrait alors être appréciée en fonction du décollage effectif.
- L’arrêté du 25 avril 2002 contenait une restriction d’exploitation pour la période 22h-minuit ne concernant que les avions du chapitre 3 avec une marge cumulée inférieure à 5 EpndB. Aujourd’hui, tous les avions du chapitre 3 peuvent être exclus d’un aéroport pour toute la période de 24h. Si les avions acceptés à Beauvais-Tillé la nuit sont les plus récents, il faut au minimum aligner l’interdiction avec celle prévue à l’article 1er III de l’arrêté du 8 mars 2022 portant restriction d’exploitation de l’aérodrome de Beauvais-Tillé.
A Milly-sur-Thérain, le 28 janvier 2025
Pour l’ADERA, sa présidente, Dominique Lazarski
Le nouvel exploitant Egis : tours de magie et vieux logiciel
Histoire d’un tour de magie :
Récemment j’ai rencontré des élus qui, en parlant de l’aéroport, me disaient «quand même ça fera 6000 emplois pour le territoire»… sans bien connaître l’aéroport ils avaient écouté d’autres ´sachants´ qui voulaient leur montrer tout le bénéfice de l’extension de l’aéroport leur annonçant ce chiffre de 6000 emplois directs.

Egis a bien mentionné un chiffre de 6000 emplois aussi sans préciser d’ailleurs à quelle date, pour 45000 mouvements dans quelques années ou 53000 mouvements au terme du contrat dans 30 ans.
Vous en connaissez vous des entreprises qui revendiquent aujourd’hui 1200 emplois directs et qui promettent, en doublant leur activité de multiplier par 5 le nombre d’employés ?
Pour le croire il faudrait être extrêmement … naïf.
Sur les 1200 emplois directs, nous avons beau chercher et creuser, que nous n’arrivons pas à les trouver, nous en comptons environ 700 directs et indirects. On peut peut-être y ajouter l’équipe de douaniers qui vient de s’installer à l’aéroport.
Ils raisonnent avec de vieux logiciels:
Les aéroports comptent les emplois potentiels en fonction du nombre de passagers : x emplois par millions de passagers.
À Beauvais-Tillé, l’aéroport revendique 1200 emplois directs pour un peu plus de 5,6 millions de passagers en 2023.
Nous avons donc 214 emplois directs revendiqués par million de passagers.
Quand Egis annonce 6000 emplois, si c’étaient des emplois directs à l’aéroport de Beauvais, le nombre de passagers seraient à 28 millions et près de 167.000 mouvements. On voit bien que c’est irréaliste.
Ils utilisent un logiciel totalement dépassé créé par Intervistas pour ACI Europe, le lobby des aéroports à Bruxelles. Ce logiciel promet la création de 760 emplois directs par million de passagers dans les aéroports low-cost de moins de 10 millions de passagers comme celui de Beauvais-Tillé. On voit bien à quel point le logiciel est dépassé puisque 1200 emplois directs correspondraient alors à moins de 2 millions de passagers…

source https://www.aci-europe.org/downloads/resources/The%20Impact%20of%20An%20Airport.pdf
P.S. ACI Europe… Ce sont les mêmes qui ont défini les normes ACA airport carbon accreditation / qui note la décarbonation des aéroports sans compter les avions qui volent pour relier les aéroports entre eux… encore un tour de passe passe !
Le 15 juin nous étions dans Beauvais pour demander le plafonnement de l’aéroport de Beauvais-Tillé
Plus de 350 personnes réunies malgré les conditions météo pas très favorables 😉 C’est donc un grand succès.
Si vous n’avez pas pu venir, vous pouvez retrouver ci-dessous les interventions (dans l’ordre d’apparition) de l’ADERA, de Lutte et Contemplation, du ROSO et de Sauvez le Beauvaisis
Vendre une maison survolée par les avions
Une flotte d’avions récente à Beauvais-Tillé ? Non pas si nouvelle…
D’après le SMABT, les avions utilisant l’aéroport de Beauvais-Tillé seraient les plus récents, les moins bruyants, les moins émetteurs de polluants de l’air et de gaz à effet de serre.
Les avions de dernière générations sont ceux qui ont 3 ans et moins.
Et bien, ce graphique des décollages pour la journée du 9 juin montre que la plupart des avions ont plus de 3 ans et que Ryanair a, de loin, les avions les plus anciens. Ryanair regroupe les compagnies Malta air, Lauda et Buzz.
Seulement 17 avions de dernière génération le dimanche 9 juin sur les 57 qui ont décollé de l’aéroport.

FINANCEMENT DES ACTIONS JURIDIQUES
L’aéroport de Beauvais-Tillé doit être plafonné !
Devant l’entêtement de l’aéroport à poursuivre sa croissance au mépris de la santé des habitants du Beauvaisis et de l’impact sur le dérèglement climatique, les seules actions vraiment efficaces seront les batailles devant les tribunaux. Si les membres de l’ADERA sont totalement bénévoles, nous devons engager des avocats. Les procédures administratives et judiciaires sont malheureusement coûteuses et nous avons besoin de votre aide pour les financer.
Votre don sera intégralement affecté à ce financement.
TRIPLEMENT DE LA CAPACITE D’ACCUEIL DES AEROGARES DE L’AEROPORT DE BEAUVAIS-TILLE ET UNE PISTE DONT LA CAPACITE EST DEMULTIPLIEE
C’est le moment de passer à l’action !
Tous à l’agglo lundi 29 Avril à 18h00 pour dire NON à l’extension programmée dont nous serons les premières victimes
Le 29/04 à 18h00, un conseil d’agglomération extraordinaire va annoncer le choix de Bouygues, Egis et Serena Partners pour reprendre l’exploitation de l’aéroport. C’est le SMABT et lui seul, qui prend la décision, le SMABT est responsable de son choix, comme l’a dit Madame Cayeux aux élus du conseil communautaire le 15 mai 2023 : « vous n’avez pas de décision à prendre, vous êtes des spectateurs ».
Et devinez quoi ? Ils prévoient une réunion à huis clos, comme d’habitude. Pas de vagues, pas de bruit. Mais nous, on compte bien changer ça !
On vous invite à nous rejoindre devant l’agglo pour faire du bruit comme jamais ! Apportez vos casseroles, vos avions en miniature, vos enceintes – soyez créatifs
Nous devons être là, montrer notre force, exiger des réponses et faire entendre nos voix – en faisant un maximum de bruit à l’extérieur ! Nos élus ayant voté un vœu de plafonnement de l’aéroport méritent d’être soutenus et les autres doivent comprendre qu’ils menacent notre vie.
On a besoin de chacun d’entre vous, de votre présence, de votre détermination. Alors, rendez-vous le 29/04 à 18h00 devant la CAB pour prouver que notre avenir ne se décide pas sans nous !
Date : 29/04
Heure : 18h00
Lieu : Siège de l’agglo de Beauvais, 48 Rue Desgroux, 60000 Beauvais
Ne manquez pas cette opportunité, notre combat commence ici et maintenant.
Ensemble, on peut tout changer. Ensemble, on peut faire reculer ce projet du passé.
Solidaires et déterminés, les associations vous appellent :
ADERA | ACNAT | SAUVEZ LE BEAUVAISIS | HALTE AU TARMAC | REFLEXION-ACTION
TRIPLEMENT DE LA CAPACITE D’ACCUEIL DES AEROGARES DE L’AEROPORT DE BEAUVAIS-TILLE ET UNE PISTE DONT LA CAPACITE EST DEMULTIPLIEE
Nous serons présents le 29 avril pour la réunion des maires (prévue à 18h), rejoignez-nous pour dire « NON A 2 FOIS PLUS D’AVIONS » au projet, devant le siège de la CAB / Communauté d’Agglomération du Beauvaisis.
A partir de 17h30, 48 rue Desgroux, 60000 Beauvais avec les autres associations : ACNAT, Reflexion-Action, Sauvez le Beauvaisis, le collectif Halte au Tarmac | Tous ensemble contre le projet du SMABT.
Le 29 avril prochain, le SMABT décidera de l’avenir de l’aéroport de Beauvais-Tillé à 14h et présentera le projet aux maires de la communauté d’agglomération à 18h dans une réunion à huis clos.
Déjà de nombreux éléments ont fuité dans la presse, relatés dans un article du Courrier Picard que vous trouverez ici : L’aéroport de Beauvais-Tillé choisit Bouygues et son modèle à près de 10 millions de passagers – Courrier picard (courrier-picard.fr)
Il nous a toujours été déclaré par le passé que l’aérogare actuelle pouvait accueillir 4,5 millions de passagers et la piste 37.500 mouvements d’avions par an, sans le taxiway complet.
Le triplement de la capacité d’accueil des passagers, ce sont donc plus de 13 millions de passagers, avec des avions de plus grande capacité. A niveau technologique équivalent, plus les avions sont gros, plus ils sont bruyants et plus ils émettent de polluants.
Plus il y a d’évènements sonores, plus la pollution sonore est grande et plus l’impact est important sur la santé.
Plus il y a d’avions, plus il y a d’émission de polluants de l’air, notamment de particules extra-fines et d’oxydes d’azote, plus l’impact sur la santé est important.
Plus il y a d’avions plus il y a d’émission de gaz à effet de serre et plus l’impact sur le dérèglement climatique est important.
Plus il y a d’avions et plus il y a de voitures, plus de bus pour amener les voyageurs, plus de camions pour approvisionner l’aéroport bref plus de bruit, de pollution de l’air et de gaz à effet de serre.
La construction du taxiway complet est la clé du déplafonnement technique de l’aéroport. Il permet aux avions d’atterrir et de décoller sans interruption. Il permet d’avoir des avions quasiment toutes les minutes pendant les heures de pointe : matin et soir principalement mais aussi le midi.
Un taxiway complet le long d’une piste seule permet d’augmenter la capacité de la piste à 50 avions par heure si la météo est favorable ! (source : STAC-Services Techniques de l’Aviation Civile-DGAC)
L’aménagement de 24 postes d’avions au lieu de 12 permet d’héberger la nuit plus d’avions : ceux qui partent le plus tôt le matin et arrivent dans la nuit.
Rappelons que la nuit, ce sont 8 heures d’affilé (source : OMS-Organisation Mondiale de la Santé et Directives de l’Union Européenne). En France la nuit est définie de 22h à 6h. A Beauvais, nous avons « généreusement » 5 heures de sommeil, de minuit à 5h. L’aéroport étant difficilement exploitable de 5h à 6h le matin, ils vont « généreusement », encore, nous concéder une heure de couvre-feu supplémentaire de 5 à 6h. Ce n’est pas un cadeau ! cela n’aura pas d’impact sur notre vie de tous les jours, cette plage horaire n’était de toute façon pas exploitée.
A Tillé ce sont des passagers avec leurs valises et leurs conversations à partir de 4h le matin et en fin de journée jusqu’à minuit passé, en plus du bruit des avions.
A Tillé, justement, où le bruit a considérablement augmenté en intensité, malgré les déclarations sur des avions qui seraient devenus miraculeusement silencieux…. Car oui, les élus qui nous imposent ces avions, n’habitent pas dans les zones de bruit et osent nous dire que les avions sont désormais quasiment silencieux !
Alors, que l’exploitant soit X ou Y, finalement, peu importe puisqu’ils nous imposeront de toute façon un niveau d’activité incompatible avec notre droit constitutionnel d’une vie en bonne santé dans un environnement sain et équilibré.
Et si vos élus prétendent pouvoir éloigner les avions sur d’autres communes que la vôtre en dessinant des trajectoires qui éviteraient leur commune, ne vous trompez pas, vous les entendrez quand même, il y aura de plus en plus de sorties de trajectoire standard, la pollution de l’air vous atteindra de la même manière, et l’impact climatique sera identique.
Madame Cayeux nous avait accusé de mentir et de vouloir effrayer les habitants en divulguant les chiffres de 8 millions de passagers et de 50000 mouvements annuels, finalement, ce n’était pas nous les menteurs et nous étions même loin du compte sur les chiffres.
Rappelons que les candidats répondent à un appel d’offre, sur la base d’un cahier des charges rédigé par le SMABT, et d’une étude de marché proposée par le SMABT, ce fameux document qu’on a refusé de nous communiquer malgré la décision de la CADA, tellement il devait être incriminant pour le SMABT !
L’article du Courrier Picard suscite donc quelques réflexions sur l’étendue de la prétendue « maîtrise » de nos élus sur le développement de l’aéroport, les offres allant au-delà des prévisions les plus pessimistes. Quelles étaient donc les prescriptions du cahier des charges et les éléments de la négociation pour que de tels débordements soient proposés dans les offres des candidats.
Finalement, c’est bien la confirmation de ce que nous prévoyons : c’est l’exploitant de l’aéroport qui décide du niveau d’activité et c’est sur cette base que seront établis les documents d’urbanisme régissant le territoire couvert par la pollution sonore de l’aéroport. Rappelons d’ailleurs que ces documents d’urbanisme ne prescrivent aucune obligation pour l’exploitant de l’aéroport, seulement pour les habitants des communes riveraines (interdiction de construire, obligation d’insonoriser, etc.)
Ainsi donc, le doublement d’activité est bien là, et peut-être même au-delà d’un doublement …
Cependant, nous ne devons pas baisser les bras. Il y a encore des actions à mener et nous entendons nous faire entendre et qu’on nous écoute.
Une proposition de loi pour plafonner les aéroports
Alexandre Ouizille, sénateur de l’Oise, s’engage pour la santé des riverains d’aéroports et pour le climat. Sa proposition de loi prévoit un moratoire sur le développement des aéroports, leur plafonnement, des couvre-feux et la mise en place de volumes de protection environnementale pour préserver des sorties de trajectoires standard.
Communes du Beauvaisis ayant voté une motion pour limiter l’impact de l’aéroport sur la population
Commune | Plafonnement à 32.000 mvts | Allongement du couvre-feu | Interdiction des vols cargos | Limitation à 3 avions basés |
Bailleul sur Thérain | ||||
Bonlier | X | X | X | X |
Fouquerolles | X | Maintien | ||
Guignecourt | X | X | X | X |
Haudivillers | X | X | X | X |
Hermes | X | X | X | X |
Laversines | X | X | X | X |
Le Fay Saint Quentin | X | X | X | X |
Milly sur Thérain | X | X | X | X |
Ponchon | ||||
St Germain la Poterie | X | Maintien | ||
Saint-Paul | ||||
Saint-Sulpice | ||||
Tillé | X | X | X | X |
Therdonne | X | X | ||
Thury-sous Clermont | X | x | x | |
Troissereux | X | Maintien | ||
Velennes | X | X | X | X |
Verderel | X | X | X | |
Warluis |
Courrier à envoyer aux élus et au smabt
les trois courriers peuvent être téléchargés ici :
Cette première lettre est à envoyer au SMABT, 1 rue du Pont de Paris, 60000 Beauvais,
Les deux autres ci-dessous sont à envoyer à votre mairie.
Pour des modèles de délibération vous pouvez aller sur cette page Communes du Beauvaisis ayant voté une motion pour limiter l’impact de l’aéroport sur la population | ADERA (adera-association.com)
Une pétition pour le plafonnement des aéroports
Mobilisation du 13 mars 2024

Riverains d’aéroports et militants pour le climat unissent leurs forces pour demander au ministre des transports le plafonnement du trafic aérien
Crédit photo : Louise Bihan et Julien Helaine
A l’appel du réseau Rester sur Terre et de l’UFCNA, 23 mobilisations sont organisées en France (et d’autres en Europe à Liège, Amsterdam, Frankfort et Madrid) le 13 mars 2024, pour demander au ministre des transports un plafonnement du trafic aérien. Alors que ce dernier repart à la hausse et pourrait doubler d’ici 2040 selon les acteurs du secteur, le climat et la santé des riverains sont à nouveau menacés. Aussi, la coalition d’associations demande un plafonnement des aéroports, aérodromes et héliports au-dessous du niveau de 2019, 32000 mouvements à Beauvais, dans la lignée de la décision historique prise à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol.
Dans ce cadre, une manifestation organisée par l’ADERA, l’ACNAT, Réflexion-Action et Sauvez le Beauvaisis se tiendra à 17h30 devant la Préfecture de Beauvais (1 Place de la Préfecture, 60000 Beauvais – Parking gratuit à proximité).
Alors que le trafic aérien vient de retrouver son niveau de 2019 dans la grande majorité des aéroports en France, à Beauvais le trafic a explosé depuis la reprise post covid avec 137% d’augmentation par rapport à 2019 !
Les associations nationales et locales dénoncent l’impact grandissant de l’aviation sur le climat, responsable de plus de 15% de l’impact climatique de la France, et s’alarment d’une croissance du trafic qui impacte directement et gravement la santé des populations survolées. Tous les rapports sérieux sur le sujet montrent que les solutions technologiques ne sont à ce jour pas suffisantes pour endiguer les nuisances aériennes ; il n’y a donc pas d’autre solution à court et moyen terme que de mettre un coup d’arrêt à la croissance du trafic aérien et de le réduire progressivement pour limiter ses impacts à la fois sanitaires et climatiques. « Nous sommes face à trois menaces vitales : le bruit, les pollutions atmosphériques et les émissions de GES, trois menaces qui, chacune devraient être traitées de toute urgence par les pouvoirs publics. » résume Charlène Fleury, organisatrice du réseau Rester sur Terre « La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une solution unique à ces trois problèmes : le plafonnement du trafic aérien. La mauvaise, c’est que pour le moment la réponse de la France n’est pas à la hauteur. »
S’appuyant sur la récente décision du gouvernement des Pays-Bas de plafonner le trafic de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol à 440 000 mouvements/an, les associations ont lancé une pétition demandant un plafonnement du trafic aérien au ministre des transports Patrice Vergriete, laquelle a rassemblé 15 000 signataires en 2 semaines. Si c’est possible aux Pays-Bas, c’est possible en France : Clément Beaune, le prédécesseur de Patrice Vergriete, n’avait d’ailleurs pas exclu cette possibilité. Lors des échanges avec la société civile et les élus mobilisés à leurs côtés en mai 2023, il s’était engagé à étudier des scénarios de plafonnement dans le cadre des procédures d’étude d’impact selon l’approche équilibrée (EIAE) des aéroports franciliens.
Ces études d’impact selon l’approche équilibrée (EIAE) sont actuellement en cours sous l’autorité des préfets sur la plupart des aéroports français les plus fréquentés, afin d’élaborer des scénarios de réduction du bruit. « Nous n’avons aucune assurance que les mesures de plafonnement du trafic aérien à la baisse que nous demandons soient retenues. » déplore Chantal Beer-Demander, présidente de l’UFCNA. « En outre, quand plusieurs aéroports desservent la même zone géographique, il est indispensable que les restrictions d’exploitation soient réalisées de manière coordonnée afin d’éviter un report des vols, et donc des nuisances, d’un aéroport à l’autre. » D’autre part, pour l’aviation générale, les associations demandent une réglementation environnementale et la création de commissions consultatives de l’environnement, afin de lutter contre les nuisances incontrôlées des hélicoptères privés, de l’aviation légère et des vols d’affaires.
Une telle étude d’impact selon l’approche équilibrée doit être lancée cette année à Beauvais de même que la révision du plan d’exposition au bruit et du plan de gêne sonore. Pourquoi avoir attendu 2024 pour les lancer alors que les seuils de déclenchement sont dépassés depuis 2022 ? Nous attendons les prescriptions du nouvel exploitant. En effet, dans le cadre de la recherche du candidat à la reprise de l’exploitation de l’aéroport, dont le nom nous sera bientôt annoncé, c’est le consortium qui sera choisi qui définit le niveau d’activité qu’il veut atteindre et donc les niveaux de trafic qui seront retenus pour l’élaboration des nouveaux plans d’exposition au bruit et de gêne sonore ! … Et pourtant nos élus continuent de nous parler de développement maîtrisé… maîtrisé, peut-être, mais pas l’exploitant, pas par les élus !
A la suite des mobilisations locales, les associations convergeront vers Paris pour un rendez-vous au ministère des transports le 15 mars – rendez-vous confirmé par le cabinet du ministre – lequel sera suivi d’un happening humoristique et musical et de prises de paroles à 12h30. Les représentants des organisations qui font le déplacement à Paris se réuniront ensuite les 16 et 17 mars lors d’un week-end de travail, pour déterminer les étapes futures de leur campagne à l’échelle française et européenne. Des mobilisations se tiendront également entre le 13 et le 17 mars dans d’autres pays d’Europe.
Conférence de presse en ligne : Lundi 11 mars à 11h – Lien de connexion
Mobilisations en France du 13 au 16 mars :
- Cartographie : https://rester-sur-terre.org/plafonnonslaviation-mars2024/
- Liste des villes mobilisées : Nice, Cannes-Mandelieu, Marseille, Lille, Beauvais, Bordeaux, Roissy, Orly, Toussus-le-Noble, Pontoise, Toulouse, Montpellier, Nantes, Aix-en-Provence, Saint-Etienne, Caen, Bâle-Mulhouse, Rhône-Alpes, Villefranche-Beaujolais, Le Mans, ainsi que Liège !
Happening pour le plafonnement du trafic aérien à Paris le 15 mars à 12h30 devant le ministère de la transition écologique, Hôtel de Roquelaure; 246, boulevard Saint-Germain; Paris 7e : https://www.facebook.com/events/925777472614867/
Contacts presse :
Dominique Lazarski – ADERA – 06 30 82 65 93 | contact.adera@gmail.com
Assemblée générale du 8 février 2024
REUNION PUBLIQUE MERCREDI 29 MARS A 18H30 SALLE DES FETES DE TILLE
AEROPPORT DE BEAUVAIS – PRESENTATION DES ASSOCIATIONS – REUNION PUBLIQUE 29 MARS 2023
L’aéroport souhaite se développer pour atteindre au minimum 8 millions de passagers à terme.
Pour cela il faudra réaliser les travaux d’agrandissement pour accueillir plus de passagers et plus d’avions: construction d’un taxiway complet (pouvant porter la capacité de la piste de 35 jusqu’à 50 mouvements par heure), l’agrandissement des aérogares, la construction de parkings voitures à étages.
40.000 mouvements sont prévus en 2024 pour les jeux olympiques et à terme 50.000 mouvements.
Bien sur, il y a l’impact climatique d’une telle structure et surtout du trafic aérien qu’elle induit mais aussi le bruit et la détérioration de la qualité de l’air que nous respirons.
Pour la planète et notre pays, des conséquences irréparables, des étés à plus de 40°, des nappes phréatiques qui s’épuisent, des cours d’eau aux niveaux inquiétants dans l’Oise, pas ou très peu de précipitations cet hiver…
Pour nous, les riverains, des maladies cardiovasculaires dues au bruit, des dépressions, des décès prématurés, des cancers et maladies dégénératives du cerveau (Parkinson et Alzheimer).
Nous ne pouvons pas laisser faire!
Réunion organisée par l’ADERA, l’ACNAT, Réflexion-Action et Sauvez le Beauvaisis
DOUBLEMENT DU TRAFIC !
UN NOUVEL EXPLOITANT DE L’AEROPORT SERA CHOISI CETTE ANNEE
L’aéroport de Beauvais-Tillé est aujourd’hui exploité par la SAGEB, une filiale de la CCI et de Transdev. Le contrat d’exploitation arrive à échéance et un appel d’offre a été lancé pour choisir le nouvel exploitant. Vous aurez certainement déjà vu dans la presse les articles à ce sujet. 4 groupes se sont déclarés à ce jour.
Dans le cahier des charges, aucune limite pour protéger les riverains
- pas de plafonnement du nombre de mouvement par an, par jour, par nuit, par soirée,
- pas de renforcement ni d’allongement du couvre-feu (il vient au contraire d’être assoupli pour permettre à Ryanair d’arriver en retard, voir ci-après),
- pas d’atténuation des vols au départ le matin ou la nuit,
- pas d’interdiction des avions les plus bruyants,
- pas d’interdiction des vols cargo (alors qu’on nous déclare depuis toujours qu’il n’y en aura pas à Beauvais… pourquoi ne pas l’entériner par écrit?)
Depuis le nouvel arrêté assouplissant le couvre-feu, trois avions sont basés à l’aéroport de Beauvais-Tillé et nous en avons vu…entendu les conséquences notamment l’été dernier. Des vols très tard la nuit, beaucoup après 22h et notamment entre 23h et minuit, des avions qui partent tôt le matin, d’abord vers 6h30 puis maintenant dès 6h et pourquoi pas bientôt dès l’expiration du couvre-feu à 5h?
L’assouplissement du couvre-feu a été confirmé par le Conseil d’Etat. Avec une faculté de 25 dérogations par an entre minuit et 1h le matin, ce sont les riverains de l’aéroport qui vont devoir supporter les aléas des vacances des passagers … et nous, nous n’avons pas de recours contre la compagnie en retard.
Au moins 50.000 mouvements bientôt
l’été sera un calvaire, jusqu’à 300 mouvements par jour en moyenne , 15 avions par heure, en réalité beaucoup plus le matin et le soir
Des avions qui se succèdent sans répit toute la journée et la nuit
jusqu’à minuit / une pollution sonore et de l’air encore amplifiée
LE 29 MARS A 18H30 : REUNION PUBLIQUE
Le 13 mai, l’ADERA participe à la journée internationale d’action proposée par l’UECNA

Malgré les progrès techniques, les avions polluent l’air que nous respirons et contribuent au réchauffement climatique, ils font toujours énormément de bruit, leur impact sur la santé des riverains d’aéroports est avéré. Les avions en construction actuellement et qui seront prochainement livrés pour voler dans les 25 ou 30 prochaines années ne proposent aucune technologie réduisant drastiquement leur impact sur la planète ou sur les humains. On ne peut laisser se développer une telle pollution. Il faut plafonner le transport aérien. Les aéroports ne doivent pas pouvoir croître tant que l’impact du transport aérien sur la planète et sur les humains ne sera pas maîtrisé.
Nous demandons le plafonnement des pollutions à l’aéroport de Beauvais-Tillé :
- Plafonnement à 32 000 vols commerciaux = seuil du PEB (hors période de JO)
- Garantir le couvre-feu et l’élargir à 23h – 6h30 ; Pour les vols de nuit (y compris la tranche 22h – 00h et les dérogations) = N’autoriser que les avions ayant un cumul de bruit certifié inférieur ou égal à 265,7 EPNdb (les plus bruyants des B737 Max, les A320 NEO étant moins bruyants)
- Interdiction des vols cargos
- Limitation des avions basés au seuil actuel = 3 avions
Décès de Monsieur Laurent Saliba
Cher membres et sympathisants de l’ADERA,
Les plus anciens d’entre vous se souviendront certainement de Monsieur Laurent Saliba, l’un des membres fondateurs et l’un des premiers présidents de l’ADERA. C’est lui, avec ses collègues, Messieurs Rual et Houy et de nombreux autres, qui, il y un peu plus de 20 ans, sont allés plaider la cause des riverains et ont obtenu , après péripéties et blocage de l’aéroport de Beauvais-Tillé, ce précieux couvre-feu qui à l’époque, était si rare que le seul autre aéroport à en bénéficier était Orly.
Nous devons beaucoup à Laurent Saliba, infatigable défenseur des riverains de l’aéroport.
Depuis, les élus en place, qui pourtant avaient soutenus la démarche de l’ADERA à l’époque, n’ont de cesse de vouloir en amoindrir la portée, déclarant haut et forts qu’ils maîtrisent la croissance de l’aéroport. Nous savons tous qu’en réalité la croissance est soumise au marché et à la volonté de Ryanair ou de Wizzair de grossir toujours plus.
C’est avec beaucoup de tristesse que nous venons d’apprendre son décès, à l’âge de 83 ans. Il avait aussi œuvré dans d’autres associations et nous serons nombreux à le regretter mais aussi à exprimer notre reconnaissance pour cet homme combatif et tenace.
Nous serons quelques-uns ce vendredi à l’église de Notre-Dame du Thil de Beauvais à 10h30 pour lui rendre hommage, peut-être, si vous l’avez connu, voudrez-vous vous joindre à nous..
Le conseil d’administration


Conseil communautaire du 15 mai 2023
L’ADERA était invitée au conseil communautaire de l’Agglomération du Beauvaisis pour la réunion plénière d’information sur l’aéroport de Beauvais-Tillé et la concession d’un nouveau contrat de délégation de service public. Etaient également présents, outre les élus, Philippe Trubert, directeur du SMABT (collectivités territoriales propriétaires de l’aéroport | région, département, agglo du Beauvaisis) ainsi que les deux présidents de la SAGEB : François Rubichon, Président du conseil de surveillance et Michel Pfeiffer, Président du Directoire.
Voici la présentation qui a été faite devant les élus.





















CONTRIBUTION DE L’ADERA A LA CONSULTATION PUBLIQUE
Notre contribution peut être téléchargée ici:
2019 10 31 ADERA CONTRIBUTION A LA CONSULTATION PUBLIQUE
Contre le projet d’arrêté modifiant le couvre-feu applicable à l’aéroport de Beauvais-Tillé
Conclusions
l’ADERA et les riverains qu’elle représente, s’opposent au projet d’arrêté modifiant le couvre-feu instauré par un arrêté ministériel de 2002. Les conséquences de la modification du couvre-feu qui est projetée dans l’unique but de permettre à Ryanair d’établir une base à l’aéroport de Beauvais-Tillé et d’accroître l’activité de l’aéroport de façon non maîtrisée, sans étude de l’impact environnemental et dont l’impact économique rapidement brossé par la SAGEB et le Préfet manque terriblement de précision, bouleverseront le cadre de vie et affecteront la santé des riverains de l’aéroport. Ce projet est contraire aux principes de droit français énoncés ci-dessous et ne produira pas les effets économiques escomptés, il doit être abandonné.
1. Une régression environnementale et une défaillance des élus et du gouvernement à protéger les riverains de l’aéroport
L’article L.110-2 du Code de l’environnement, tiré de la Charte de l’Environnement, établi le droit de chacun à un environnement sain et l’obligation de chacun, y compris les personnes publiques, et donc nos élus et nos ministres des transports et de l’environnement, de contribuer à la protection de l’environnement, y compris nocturne.
En signant un arrêté qui
- permettra à des avions d’atterrir, la nuit, dans des conditions indéterminées, dépendant de la seule volonté de l’administration et sur la base de ses seuls critères qui n’ont pas été exposés, mais surtout
- un arrêté dont le seul but est de permettre à Ryanair de baser des avions à l’aéroport de Beauvais et
- d’accroitre l’activité de Ryanair à l’aéroport de 150% dans les 4 ans à venir, et probablement plus encore dans les années qui suivront
- et notamment entraînera un accroissement considérable de l’activité de nuit dans la tranche de 22h à 23h59 et dans la tranche 5h-8h dès que les transports terrestres pour l’acheminement des passagers le permettront,
la Ministre de l’Environnement et le Secrétaire d’Etat aux Transports ne contribueraient pas à la protection de l’environnement. Ils seraient responsables, comme les élus de la communauté d’agglomération du Beauvaisis, du département de l’Oise et de la Région des Hauts-de-France, de la pollution sonore accrue pour les riverains de l’aéroport et de la détérioration de la qualité de l’air dans le Beauvaisis.
En outre, ils ne mettraient pas en œuvre tous les moyens requis du gouvernement français pour parvenir aux objectifs définis par l’Accord de Paris sur le Climat et qui semblent être dans toutes les paroles mais beaucoup moins dans les actes.
Enfin, ce faisant, la Ministre de l’Environnement et le Secrétaire d’Etat aux Transports enfreindraient le principe de non régression environnementale imposé par l’article L.110-1-9° du Code de l’Environnement :
« selon lequel la protection de l’environnement, assurée par les dispositions législatives et réglementaires relatives à l’environnement, ne peut faire l’objet que d’une amélioration constante, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment. »
Le projet d’arrêté proposé dans le cadre de la consultation publique, même modifié pour intégrer les propositions de l’ACNUSA (Autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires), ne pourrait qu’aggraver la situation des riverains de l’aéroport de Beauvais-Tillé. La mesure va également à rebours de l’évolution sur les autres plateformes aéroportuaires où la tendance est plutôt à limiter les vols de nuit. A Beauvais, la nuit ne durera que 5 heures, et encore, seulement les nuits où il n’y aura pas de dérogations accordées à Ryanair. C’est un peu court, les riverains veulent eux aussi vivre dans un environnement leur permettant de rester en bonne santé. Cela ne sera plus possible après que Ryanair aura basé ses avions à Beauvais.
2. Ryanair, un modèle limite concernant les réglementations économique et environnementale
Comment laisser Ryanair dévorer la concurrence, notamment française, grâce à un modèle économique non vertueux ?
La Cour des Compte a considéré, en 2017, que tant les remises commerciales accordées à Ryanair à l’aéroport de Beauvais-Tillé, que la gratuité des services ou le remboursement de taxes ne sont pas compatibles avec les réglementations françaises et européennes et ne respectent pas le principe d’égalité des usagers des services publics.
La poursuite d’une activité sur cette base à Beauvais risque de mettre en péril l’activité de l’aéroport dont une partie des services font l’objet d’une vente à perte et dont les résultats ne permettent pas d’engranger les revenus suffisants pour répondre à ses obligations aux termes du contrat de délégation de service public concernant le gros entretien des installations aéroportuaires.
Le remboursement par la SAGEB à Ryanair de la TNSA, taxe sur les nuisances sonores aériennes, est d’autant plus choquant que la taxe est fondée sur le principe « pollueur-payeur » établi par l’article L110-1-I-3°du Code de l’environnement :
« Le principe pollueur-payeur, selon lequel les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur »
Ce faisant, la SAGEB et Ryanair sont en infraction avec le Code de l’environnement
Discussion
Le 30 août 2019, la CCE (Commission Consultative de l’environnement) de l’aéroport de Beauvais-Tillé se tenait à la préfecture de l’Oise (Beauvais).
L’unique objet de la discussion était l’établissement d’une base Ryanair à Beauvais ; la clé pour ouvrir les portes de la base à Ryanair était la possibilité de déroger au couvre-feu, un projet d’arrêté ministériel était proposé.
Lors du discours appuyé du préfet, en ouverture de la séance, dans lequel il louait les vertus de Ryanair, la félicitait de choisir Beauvais pour établir une base et la remerciait encore de ce choix, le préfet a mis la pression sur les membres de la CCE, notamment sur les élus, pour qu’ils valident le projet d’arrêté proposé. Sur quelle base fondait-il son opinion ? Sur quel rapport d’impact environnemental ? Il n’y en a pas eu et si une notice environnementale a été rédigée, elle n’a pas été rendue publique, les conditions de son établissement non plus et elle n’a donc pas pu être commentée.
La discussion fut animée sur le projet de base Ryanair mais sur le projet d’arrêté, point de discussion. Pourtant il était bien différent du projet qui nous avait été présenté et dont nous discutions avec l’aéroport depuis le mois de novembre 2018.
Nous sommes aujourd’hui à la veille d’un bouleversement dans les conditions d’exploitation de l’aéroport. Nous allons perdre 3 heures de sommeil et subir un accroissement considérable de l’activité aéroportuaire au bénéfice d’une compagnie sans éthique, sans fidélité ni loyauté et dont le modèle économique repose sur des conditions financières exorbitantes de la pratique habituelle et pouvant mettre en péril l’équilibre économique de l’aéroport.
Les termes du projet d’arrêté lui-même appellent des observations de notre part (i) ainsi que ses conséquences sur le plan environnemental et social (ii) pour les riverains. Nous souhaitons également revenir sur les motivations économiques (iii) et l’impact du développement de Ryanair à Beauvais (iv).
3. Le projet d’arrêté
L’absence de précision du projet d’arrêté est très inquiétante. Il ne contient aucune des demandes des riverains et pire, il ne reprend même pas les engagements que l’exploitant de l’aéroport avait proposés en début d’année 2019. Ce projet d’arrêté n’a pas fait l’objet de discussion lors de la CCE du 30 Août, nous avons juste pu exposer (très rapidement, pressés par le Préfet qui voulait clôturer la réunion rapidement) nos craintes sur le projet d’arrêté mais il n’était pas question de revenir sur son contenu.
La seule modification acceptée par le Préfet était celle proposée par Monsieur François Rubichon, Président du Conseil de Surveillance de la SAGEB – exploitant de l’aéroport, non membre de la CCE, qui aurait, d’après les élus, permis d’emporter leur vote positif, et qui précise que « les stipulations de l’arrêté de 2002 non modifiées par le projet restent applicables ». Cette modification fut présentée comme déterminante … Monsieur de La Palice n’aurait pas mieux rédigé pour n’apporter aucune nouveauté !
Demandes des riverains v/ projet d’arrêté :
Demande des riverains | Proposition de l’aéroport | Projet d’arrêté |
Limiter l’exploitation pendant une période de 8 heures consécutives, la nuit : il s’agit donc d’une extension du couvre-feu actuel qui ne couvre que la période de minuit à 5 heures, soit seulement 5 heures de repos. | Des dérogations au couvre-feu de minuit à 1h | Le projet prévoit que l’arrivée tardive peut avoir lieu à toute heure de la nuit et il n’y a aucune limite sur le nombre de dérogations. |
Un avion ayant dû atterrir pour des raison de mauvais temps sur un autre aéroport pourrait être rapatrié à Beauvais soit à l’occasion d’une dérogation soit à partir de 5h le matin | ||
Puisque des avions seront basés, ils pourraient partir dès la fin du couvre-feu, à 5h, ou réaliser des essais moteurs à partir de 5h – Nous rappelons que l’aéroport est enchâssé dans la commune de Tillé et bordé d’habitations, certaines construites grâce à des permis de construire consentis aux promoteurs quelques jours seulement avant que les terrains deviennent inconstructibles par la signature de l’arrêté préfectoral instaurant le dernier plan d’exposition au bruit. | ||
Les riverains refusent toutes dérogations autres que celles déjà prévues à l’arrêté de 2002 instaurant le couvre-feu. | Des dérogations exceptionnelles bénéficiant uniquement aux avions basés | Aucune exigence d’exceptionnel dans le projet d’arrêté. Une simple référence au « cas par cas » .
La proposition de l’ACNUSA prévoit la possibilité de prévoir un nombre maximum de dérogation par an. Une telle disposition deviendrait vite un « droit à dérogation » jusqu’à ce chiffre maximum, un quota de dérogations. L’exceptionnel est par définition un chiffre extrêmement petit, en relation avec le trafic global de l’aéroport. Si Orly n’a que 2 ou 3 dérogations par an, il ne peut y en avoir plus à Beauvais. |
Interdire les avions les plus bruyants, jour et nuit, pour ne permettre qu’aux avions les plus modernes d’utiliser l’aéroport (chapitres 4 et 14 volume I de l’annexe 16 de la convention OACI et chapitre 3 avec une marge de 13 EPNDB) | Les avions basés seraient les plus récents de la flotte de Ryanair (à l’époque il s’agissait des B737 Max).
A titre général, les avions les plus bruyants seraient bannis de l’aéroport. |
Le projet limite l’exigence d’une limite de bruit aux avions retardataires demandant une dérogation. La limite est exprimée en marge de bruit par rapport au chapitre 3, volume I de l’annexe 16 de la convention de l’OACI alors que la mesure ne vise que les avions de la flotte Ryanair certifiés à l’approche avec un niveau d’un peu inférieur à 97 EPNDB
|
Il n’y aurait que 3 avions basés | Proposition non reprise | |
Aucun avion ne serait programmé après 23h et aucun avion ne serait programmé avant 6h30 | Proposition non reprise | |
Les dérogations ne concerneraient que les avions basés | Le projet d’arrêté manque de clarté, les dérogations pourraient concerner des avions ayant accumulé plus de 3 heures de retard | |
Les dérogations concerneraient des avions transportant des passagers et non les vols « à vide » | L’exigence d’avions « effectuant des vols réguliers de transport de passager » n’exclut pas que l’avion arrive à vide. | |
Le projet ne prévoit aucune modalité, cause, délai, procédure, pour la prise de décision de dérogation, ni la forme de cette dérogation ou le signataire | ||
Aucun contrôle de la réalité de la raison invoquée pour bénéficier d’une dérogation n’est prévu ni expliqué | ||
Les riverains demandent un plafonnement du nombre de mouvements pour être assurés d’une limite aux nuisances qu’ils doivent endurer | L’aéroport exige ce régime de dérogations pour pouvoir accroître le volume de son activité de 2 millions de passagers dans un premier temps puis au-delà après travaux à l’aéroport. La croissance devient sans limite pour un aéroport présenté comme desservant principalement Paris et la région parisienne |
4. Un bouleversement dans les conditions d’exploitation de l’aéroport
4.1 Quelle est la situation aujourd’hui ? Des mouvements d’avions de 8 heures à 22h30 (au plus tard minuit)
L’aéroport est soumis à un couvre-feu de minuit à 5 heures. En théorie donc, les avions peuvent atterrir ou décoller jusqu’à minuit et ils peuvent atterrir et décoller dès 5 heures. L’aéroport est fermé la nuit.
En pratique cependant, le dernier départ est prévu vers 22h30 , en raison de retards accumulés dans la journée il arrive que ce départ soit en bordure de couvre-feu, aux alentours de minuit. Il n’y a pas eu, ces dernières années, d’infraction au couvre-feu.
Le matin, la première arrivée en ce moment est vers 8h15 avec un premier départ vers 8h40.
Les passagers de l’aéroport viennent pour la majorité de Paris et la plupart prennent l’autocar mis en place par l’aéroport. Beaucoup arrivent au point de départ de l’autocar par les transports en commun et notamment le métro qui n’ouvre qu’à 5h30. En pratique donc, avec les temps de transport jusqu’à l’aéroport (1h) et les besoins de dépose de bagages et des vérifications de sécurité un avion peut difficilement partir à 5h le matin.
4.2 La base Ryanair
- Ryanair souhaite avoir quelques avions basés à Beauvais, ils envisagent de commencer au quatrième trimestre 2020 avec 3 avions basés.
- Une base, ce sont quelques avions, aujourd’hui probablement 3, qui resteraient à Beauvais toute la nuit. Dans la configuration actuelle de l’aéroport, il pourrait y en avoir jusqu’à 12. L’augmentation du nombre d’avions basés ne nécessitera aucune formalité particulière quand bien même l’exploitation entrainera, pour chaque avion basé supplémentaire, une modification substantielle de l’exploitation de l’aéroport et un nouveau bouleversement du cadre de vie et des nuisances devant être endurées par les riverains.
- Ces avions qui passeraient la nuit à Beauvais arriveraient donc sur leur dernier segment de la journée. Un avion Ryanair ou Wizzair fait jusqu’à 8 rotations par jour. Les avions basés seraient donc à la fin de leur journée lorsqu’ils atterriront à Beauvais. Il est prévu qu’ils soient programmés pour atterrir à 23h mais aucune réglementation ne limite la programmation pour le futur. C’est l’exploitant de l’aéroport qui décide seul d’accorder les créneaux. Les retards accumulés dans la journée se feront sentir lourdement pour les riverains, les arrivées s’étalant alors jusqu’à minuit.
- Les avions bénéficieraient d’une maintenance pendant la nuit pour être prêts à repartir le lendemain matin, des essais moteurs pourraient être réalisés dès la fin du couvre-feu, mais aucune réglementation ne limite les essais pendant le couvre-feu.
- Ce seraient les premiers avions à partir le matin. Le couvre-feu s’achève à 5h. En théorie ils pourraient repartir dès 5h. Une difficulté d’acheminement des passagers semble limiter l’exploitation entre 5h et 6h30 mais elle est envisageable dans l’avenir. Les autres aéroports ayant des couvre-feux bénéficient de période de repos plus longues que les 5 heures de Beauvais-Tillé. L’OMS préconise 8 heures de repos la nuit, le couvre-feu de Beauvais doit être allongé.
4.3 Qu’est-ce ce qu’une base impliquerait comme modifications ? 3 heures de calme en moins pour les riverains
- Des arrivées tardives : l’aéroport propose de fixer à 23h l’heure d’arrivée la plus tardive des avions. Cependant, les retards accumulés ne permettront pas toujours d’arriver avant minuit à l’aéroport. Aujourd’hui, en cas d’arrivée après minuit, l’avion est détourné vers un autre aéroport ouvert toute la nuit, ce qui reste exceptionnel. Une infraction au couvre-feu serait sanctionnée d’une amende pouvant aller jusqu’à 40.000€. Le couvre-feu est donc un frein pour que les compagnies basent des avions à Beauvais.
- Nos élus, notamment ceux siégeant au SMABT, Madame Caroline Cayeux en étant la présidente, nous ont toujours assurés qu’ils n’accepteraient pas de suppression du couvre-feu. Ils sont prêts aujourd’hui à accepter que les arrivées des avions puissent se faire après minuit, pendant toute la période du couvre-feu, sans pénalité.
- On nous dit qu’il ne s’agirait que de retards ponctuels, exceptionnels, mais sans aucune indication de ce que « ponctuel » ou « exceptionnel » signifie. D’expérience, à Frankfort, notamment, où Ryanair dispose d’une base dans un aéroport avec un couvre-feu nocturne, cette compagnie est extrêmement souvent en retard. Elle a enfreint le couvre-feu 156 fois en 2017, 327 fois en 2018, et 147 fois depuis le début de l’année 2019, pour 10 avions basés. Une compagnie similaire, Volotea, qui soumet également ses avions a un grand nombre de rotations enfreint régulièrement les restrictions de nuit à l’aéroport de Strasbourg. L’expérience démontre qu’un couvre-feu sans sanction n’est pas un couvre-feu. L’expérience est la même à Rome-Ciampino où Ryanair a des avions basés, un représentant de l’aviation civile italienne m’a confirmé que cette compagnie est régulièrement en retard et ne respecte pas le couvre-feu (qui n’est pas sanctionné par des pénalités).
- Faut-il encore rappeler que l’aéroport est enchâssé dans la commune de Tillé, encerclé d’habitations, dont certaines d’ailleurs très récentes. Des arrivées tardives d’avions ce sont aussi des véhicules et autocars qui circulent plus tard et des piétons dans Tillé qui traînent leurs valises jusqu’à leur parking, notamment pour ceux qui utilisent les parkings privés en ville.
- L’aéroport proposait d’étendre le couvre-feu le matin de 5h à 6h, cette proposition n’a pas été reprise dans le projet d’arrêté. Les riverains perdrons en calme puisqu’aujourd’hui les avions n’atterrissent pas ni ne décollent respectivement avant 8h et 8h30… Des avions basés à Beauvais c’est l’assurance de départs à la première heure possible pour permettre les 8 rotations de l’avion pendant la journée. En pratique nous perdrions donc une à deux heures de calme le matin. A nouveau, il faudrait aussi compter le trafic routier et les piétons dans la ville de Tillé roulant leurs valises
- L’entretien des avions la nuit est une activité qui peut être bruyante lors des essais moteurs, réalisés le matin probablement de très bonne heure afin que les avions soient prêts pour le départ. Il ne faut négliger non plus le bip de recul des véhicules pour les riverains les plus proches de l’aéroport. Il n’est pas prévu de couvre-feu en deux parties (i) essais moteurs et (ii) décollages-atterrissages. A Tillé, ce serait une perte de 3 heures de calme.
- L’aéroport proposait aussi une interdiction des avions les plus bruyants. Cette proposition n’est pas reprise dans le projet d’arrêté. Aujourd’hui l’aéroport peut accueillir des avions très anciens et très bruyants. En pratique il est très rare qu’un tel avion utilise l’aéroport mais la situation pourrait évoluer si une activité cargo se développait ou si les aéroports voisins interdisaient les avions les plus bruyants, ils pourraient être tentés, alors, d’atterrir à Beauvais, aéroport plus laxiste sur les normes environnementales des avions.
- Le projet ne comporte aucune proposition sur les plafonnement du nombre de mouvements de l’aéroport qui est demandé par les riverains et certains élus alors que depuis des années nos élus et les représentants de l’aéroport nous assurent de l’existence d’un « plafond naturel ».
4.4 Plus de bruit la nuit et un accroissement significatif de l’activité dans les prochaines 4 années et plus si affinité…
L’incidence évidente pour les riverains est une perte considérable de qualité de vie et une augmentation des nuisances de jour comme de nuit.
L’ambition est d’augmenter le nombre de passagers de plus de 150% d’ici 4 ans, passer donc de moins de 4 millions (3,39 chiffre 2018) à 6 millions de passagers. Pour l’aéroport de Beauvais, l’augmentation corrélative du nombre de mouvements serait très importante, avec un emport moyen de 165 passagers, on arriverait à 36.400 mouvements par an contre moins de 23.000 en 2018.
Nous avons pu, en outre, constater que l’aéroport était optimiste puisqu’ils envisagent déjà des travaux dans le cas où le chiffre de 6 millions de passagers serait dépassé.
Lorsque l’exploitant de l’aéroport nous dit que ce nouveau mode d’exploitation permettra un lissage du trafic sur la journée, il signifie en réalité qu’il pourra utiliser la piste au plus près du couvre-feu et il ne s’agit pas d’un lissage mais de l’exploitation de nouveaux horaires.
Les études le démontrent depuis de nombreuses années, et dernièrement encore les dernières lignes directrices de l’OMS (Octobre 2018) le confirmaient, le bruit a un impact avéré sur la santé et notamment provoque et aggrave les maladies cardio-vasculaires. Les recommandations de l’OMS sont de limiter le bruit à 45 Lden et 40 Lnight. La répétition des émergences de bruit provoquent ces altérations de la santé. Aux alentours de l’aéroport de Beauvais, le bruit de fond est très faible en général. L’émergence d’un bruit d’avion est donc extrêmement sensible. Augmenter le nombre d’occurrences ne sera pas sans incidence sur les riverains.
Certains des villages ont laissé se construire des zones pavillonnaires ou de petits immeubles collectifs dans les zones de bruit avec la complicité de la préfecture qui avait reporté la signature du dernier plan d’exposition au bruit (2012) à quelques jours après l’obtention par les promoteurs de leurs permis de construire. Ces constructions sont en zone C du PEB, notamment le long de la piste de l’aéroclub à quelques mètres du deuxième terminal de l’aéroport. Bruit des inverseurs de poussée, bruit des run up, décollages, bientôt bruit des alarmes de recul des véhicules de maintenance la nuit, bruit des valises sur la chaussée et des voyageurs qui parlent comme en plein jour alors que c’est la pleine nuit… et odeurs de kérozène jusqu’à la nausée, pour ces nouveaux habitants comme pour les anciens.
4.5 Une pollution de l’air accrue
La qualité de l’air ambiant de la région n’est pas fantastique, de nombreuses alertes et dépassements de seuils, certes non lié à l’aérien, dans tout le département. Mais pour les communes survolées à basse altitude, vont s’ajouter les émissions polluantes des avions. En fonction des vents, elles vont se répartir sur le territoire. Les dépôts de suies sont déjà importants sur les habitations et les plantes mais ce n’est rien par rapport aux particules ultra-fines et ultra-dangereuses.
A nouveau, la pollution de l’air a un impact sur la santé et l’augmentation de l’activité permise par les dérogations au couvre-feu et l’ouverture d’une base Ryanair aggravera cette pollution.
En terme d’impact sur la santé, les riverains d’aéroports utilisent souvent ce rapprochement :
kérozène=gazole donc avion=diesel
4.6 Les gaz à effet de serre
Aujourd’hui, l’impact de l’activité humaine sur le dérèglement climatique est reconnu et l’on cherche à lutter contre le réchauffement planétaire, la France s’est engagée en signant l’accord de Paris, à agir pour enrayer notre impact sur le climat, et le Haut Conseil pour le Climat dans son rapport de juin 2019 enjoint le gouvernement « d’agir en cohérence avec les ambitions » et lui reproche de ne pas atteindre ses objectifs car les moyens mis en œuvre sont insuffisants.
Nos ministres parlent d’urgence climatique et notre président de l’absence de planète B. Comment peut-on alors laisser se développer des activités émettant autant de gaz à effet de serre que l’aviation. Les émissions de dioxydes de carbone sont la face publique des GES de l’aviation. Il faut lui ajouter les autres GES (hors CO2) qu’elle émet et son impact sur la planète est au minimum doublé.
Il ne faut pas se dire que d’autres activités sont plus polluantes ou que les autres doivent faire des efforts les premiers. Non, c’est ici et maintenant que des efforts doivent être fait. Ici à l’aéroport de Beauvais-Tillé et maintenant en ne permettant pas à une société comme Ryanair d’aspirer les deniers publics comme elle le fait depuis maintenant une vingtaine d’années. En 2018 Ryanair était le 10ème plus gros émetteur de CO2 en Europe au même plan que les centrales à charbon et elle sera vite rattrapée par d’autres compagnies aériennes qui la talonnent !
4.7 Une régression environnementale et une défaillance des élus et du gouvernement à protéger les riverains de l’aéroport
L’article L.110-2 du Code de l’environnement, tiré de la Charte de l’Environnement, établi le droit de chacun à un environnement sain et l’obligation de chacun, y compris les personnes publiques, et donc nos élus et nos ministres des transports et de l’environnement, de contribuer à la protection de l’environnement, y compris nocturne.
En signant un arrêté qui
- permettra à des avions d’atterrir, la nuit, dans des conditions indéterminées, dépendant de la seule volonté de l’administration et sur la base de ses seuls critères qui n’ont pas été exposés, mais surtout
- un arrêté dont le seul but est de permettre à Ryanair de baser des avions à l’aéroport de Beauvais et
- d’accroitre l’activité de Ryanair à l’aéroport de 150% dans les 4 ans à venir, et probablement plus encore dans les années qui suivront
- et notamment entraînera un accroissement considérable de l’activité de nuit dans la tranche de 22h à 23h59 et dans la tranche 5h-8h dès que les transports terrestres pour l’acheminement des passagers le permettront,
la Ministre de l’Environnement et le Secrétaire d’Etat aux Transports ne contribueraient pas à la protection de l’environnement. Ils seraient responsables, comme les élus de la communauté d’agglomération du Beauvaisis, du département de l’Oise et de la Région des Hauts-de-France, de la pollution sonore accrue pour les riverains de l’aéroport et de la détérioration de la qualité de l’air dans le Beauvaisis.
En outre, ils ne mettraient pas en œuvre tous les moyens requis du gouvernement français pour parvenir aux objectifs définis par l’Accord de Paris sur le Climat et qui semblent être dans toutes les paroles mais beaucoup moins dans les actes.
Enfin, ce faisant, la Ministre de l’Environnement et le Secrétaire d’Etat aux Transports enfreindraient le principe de non régression environnementale imposé par l’article L.110-1-9° du Code de l’Environnement :
« selon lequel la protection de l’environnement, assurée par les dispositions législatives et réglementaires relatives à l’environnement, ne peut faire l’objet que d’une amélioration constante, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment. »
Le projet d’arrêté proposé dans le cadre de la consultation publique, même modifié pour intégrer les propositions de l’ACNUSA (Autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires), ne pourrait qu’aggraver la situation des riverains de l’aéroport de Beauvais-Tillé. La mesure va également à rebours de l’évolution sur les autres plateformes aéroportuaires où la tendance est plutôt à limiter les vols de nuit. A Beauvais, la nuit ne durera que 5 heures, et encore, seulement les nuits où il n’y aura pas de dérogations accordées à Ryanair. C’est un peu court, les riverains veulent eux aussi vivre dans un environnement leur permettant de rester en bonne santé. Cela ne sera plus possible après que Ryanair aura basé ses avions à Beauvais.
5. Motivations économiques
Comme toujours la raison principale justifiant l’aggravation des conditions de vie des riverains de l’aéroport est économique, création de richesse et nouveaux emplois. Avec un opérateur aérien détenant 85% de l’activité, nos élus sont pieds et poings liés ils ont trop peur que Ryanair quitte Beauvais pour d’autres cieux…
5.1 Ryanair peut-elle partir de Beauvais ?
Il nous a été expliqué que l’évolution de l’aéroport était rendue nécessaire pour s’assurer que Ryanair resterait à Beauvais et pour permettre une reprise de l’activité. Nous n’avons pas d’information sur les « promesses » de Ryanair.
Pourquoi Ryanair partirait-elle aujourd’hui ? Elle a besoin d’un aéroport desservant Paris, une destination très attractive pour ses clients. Aujourd’hui, seul Beauvais-Tillé répond à ses exigences. Pas trop loin de Paris, des temps de roulage sur la piste très courts, des escales réduites à 20/30 minutes, des redevances et taxes très faibles (remboursées par l’aéroport) et même des ristournes et exonérations.
Nous constatons cependant que Ryanair cherche à se reporter sur les aéroports principaux, Barcelone, Frankfort, etc… A Paris, ni Orly ni Charles de Gaulle ne sont prêts à l’accueillir à des horaires convenables. Les créneaux horaires que Ryanair a pu obtenir à Paris ne convenaient pas, elle y a renoncé.
La construction du terminal 4 à CDG pourrait peut-être changer la donne et Ryanair pourrait alors quitter Beauvais pour Paris. Mais à Paris, elle ne pourrait pas non plus arriver après minuit. L’aéroport d’Orly bénéficie d’un couvre-feu de 23h30 à 6h, donc plus long qu’à Beauvais, et à Charles-de-Gaulle, les vols de nuit sont plafonnés. Les créneaux ont été attribués et figés de sorte la compagnie n’aurait pas le droit de revenir après minuit sans pénalité.
5.2 Les efforts demandés changeront-ils le futur ?
Ryanair a démontré jusqu’à présent qu’elle n’avait pas de relation stable/fidèle avec un aéroport. Quels que soient les efforts déployés par celui-ci. Si elle obtient les créneaux souhaités à Paris, elle partira. Le fait qu’on l’ai autorisée à baser des avions à Beauvais n’y changera rien. Ni les investissements complémentaires qui pourraient être réalisés à l’aéroport.
C’est une compagnie sans loyauté ni fidélité. Aujourd’hui elle ferme au moins 4 bases en Espagne et licencie plus de 510 personnes. L’exemple de Barcelone est frappant, les collectivités locales avaient fait des efforts financiers énormes à Gérone pour accueillir Ryanair mais dès que celle-ci a pu transférer une part significative de son activité à El Prat, elle l’a fait en un rien de temps. Depuis, Ryanair a basé des avions à El Prat, l’aéroport principal de la ville et la compagnie a quitté totalement et définitivement sa base arrière. Barcelone et Paris sont deux des aéroports essentiels de Ryanair, leur situation est comparable. Un aéroport principal proche du centre-ville bien desservi par les transports en commun et un aéroport à plus d’une heure de route qui a fait des efforts et des investissements considérables pour accueillir Ryanair. Gérone ce pourrait être Beauvais-Tillé dans quelques années lorsque CDG aura construit le terminal 4. Tous les efforts consentis ici pourront ne pas pérenniser la situation. Dans ce cas pourquoi accepter cette base ? l’activité pouvait se poursuivre et même croître sans la base, de manière plus modeste peut-être mais suffisante pour l’agglomération de Beauvais.
C’est d’ailleurs ce qui a été confirmé par le représentant de Ryanair à la dernière Commission Consultative de l’Environnement de l’aéroport du 30 août. Il a bien exprimé le souhait de Ryanair de se rapprocher de Paris mais que les conditions financières n’étaient pas encore satisfaisantes ni les créneaux obtenus et que la compagnie continuerait à se développer à Beauvais même en l’absence d’une base.
5.3 Sacrifier les riverains sera-t-il rentable pour la communauté ?
La maintenance des avions
La presse nous avait annoncé le recrutement de techniciens pour assurer la maintenance des avions la nuit. Il s’agit de techniciens spécialistes des avions Boeing B737-800, une technicité qui ne pouvait être trouvée à proximité de Beauvais….Contrairement à ce qui était annoncé, ce ne sont donc pas des emplois créés dans notre région mais des personnes venant de Belgique qui assureront cette maintenance.
La création d’emplois locaux et le développement économique de la région
Il est certain que l’activité étirera les horaires d’ouverture le matin et la nuit. En outre, les équipages logés sur place permettront quelques recrutements probablement, et nous sommes conscients combien ils sont précieux dans le Beauvaisis. Mais on nous promet une centaine d’emplois créés dans le Beauvaisis consistant en un certain nombre d’équipages pour les avions basés. Pourquoi ? sont-ils recrutés ici ? non, il s’agit de personnes travaillant déjà pour Ryanair qui seront logées dans notre région. L’impact sera donc beaucoup moins important qu’annoncé. Il n’est nullement certain qu’il s’agisse de familles et si c’est le cas et que les familles sont déplacées pour habiter notre région, le second membre du couple viendra augmenter la population active sans emploi ou en recherche d’emploi de la région, en concurrence avec des beauvaisiens eux-mêmes déjà en recherche d’emplois. Rappelons que les rémunérations des équipages Ryanair sont parmi les plus basses de la profession. Low-cost pour les passagers mais également low-cost pour les employés et leurs conditions de travail.
Les emplois induits ? catalytiques ? Ryanair fait une concurrence très importante aux autres compagnies aériennes et notamment aux compagnies traditionnelles comme Air France qui dessert aussi la capitale. Si des emplois sont créés, ce ne sera pas dans notre région. Il est d’ailleurs reconnu que l’impact régional sur le tourisme et la consommation dans notre région par les passagers de l’aéroport de Beauvais-Tillé est minime, quasiment inexistant, moins de 3€ par passager, c’est peu. Ce sont d’ailleurs des passagers à faible valeur ajoutée, il est reconnu que les passagers des vols low-cost consomment beaucoup moins que les passagers des compagnies traditionnelles.
Si en plus Ryanair développe une activité de hub, de nombreux nouveaux passagers seront en transit, ils ne consommeront rien en dehors de l’aéroport, il n’y créeront pas de richesse, ils ne créeront pas d’emplois indirects. L’impact sera donc très faible, beaucoup d’efforts pour très peu de résultats.
Des investissements non amortis
La « volatilité » de Ryanair est un risque sur la tête de nos élus et de notre communauté fiscale. Si le départ de Ryanair n’est pas certain, au moins un transfert d’activité est envisageable à terme. Il ne faut pas que le financement de cet aéroport soit une course en avant dont on n’arrive plus à s’échapper. L’aéroport a eu du mal à développer le marché, nous sommes contraints par deux compagnies, si Ryanair partait, tous ces investissements auraient-ils été fait en vain ?
5.4 Les conséquences sur le plan social
Les conséquences économiques ne peuvent exclure les externalités négatives. L’impact sur les communes les plus exposées aux pollutions sonores et de l’air est évident. Maisons invendables. L’immobilier à Beauvais est sinistré mais il l’est encore plus dans les communes situées dans le plan d’exposition au bruit (« PEB »).
Il y a 20 ans, nos communes subissaient peu de nuisances et les plus éloignées de l’aéroport ne connaissaient pas le bruit des avions. Elles sont aujourd’hui intégrées dans le PEB de l’aéroport de Beauvais-Tillé. Les avions rejoignant l’aéroport volent à basse altitude pour passer sous le trafic de CDG et du Bourget. Ils sont donc entendus à grande distance de l’aéroport, notre association reçoit des mails de plaintes régulièrement, la dernière d’un habitant à 80 km de l’aéroport, près de Villers-Cotterêts.
Nous ne voyons pas d’impact positif de l’aéroport dans nos communes. L’étude d’impact économique impute à l’aéroport l’attractivité de Beauvais mais elle oublie de mentionner la proximité de la région parisienne. Si la logistique et le transport routier se sont tant développés dans la région alors qu’il n’y a pas de cargo à Beauvais, c’est bien pour desservir la région parisienne. L’aéroport n’y est pour rien.
En revanche il est connu que les communes affectées notamment par le bruit se paupérisent avec le temps. Nos communes ne vont pas y échapper. Les promesses faites à certains maires de construire des hôtels ou des terrains de golf sur leur territoire sont depuis longtemps oubliées mais qui viendrait dans ces communes désormais sinistrées ou condamnées à l’être ?
6. Impact du développement de Ryanair à Beauvais
L’équilibre d’un aéroport dépend d’une seule entreprise dont on sait qu’elle n’est ni fidèle ni loyale et peut d’un jour à l’autre préférer un autre aéroport. A terme, peut être Paris-CDG plutôt que Paris-Beauvais.
6.1 Une entreprise dont le modèle économique est basé sur la perception de subventions directes ou déguisées
A deux reprises la chambre régionale de la cour des comptes s’est penchée sur la situation de l’aéroport de Beauvais, en 2008 et en 2016. A chaque fois, la conclusion était la même. La compagnie Ryanair, principalement, bénéficie de conditions commerciales exorbitantes des pratiques habituelles sur les plateformes aéroportuaires qui se traduisent par des aides et subventions déguisées résultant en des manques à gagner de plusieurs dizaines de millions d’euros, plusieurs centaines de millions d’euros depuis l’installation de Ryanair à Beauvais.
Rien que sur la période de 2008 à 2014, Ryanair n’aurait payé que 27,55% des montants qui lui étaient facturés par l’exploitant de l’aéroport, la SAGEB. Ce sont 35 millions d’euros de remises qui lui ont été accordées.
La compagnie bénéficie en outre de la gratuité de l’assistance en escale, le manque à gagner en résultant est évalué à plus de 73 millions d’euros sur la même période de 2008 à 2014. La vente à perte des prestations d’assistance en escale n’est pas conforme à la réglementation française.
Jusqu’à la TNSA, taxe sur les nuisances sonores aériennes, finançant le fonds d’aide aux riverains pour l’insonorisation de leurs logements ou l’insonorisations des écoles et autres établissements, qui est remboursée à Ryanair. Pourtant cette taxe est fondée sur le principe « pollueur-payeur » qui n’est pas non plus respecté en l’occurrence.
La cour des comptes conclut que tant les remises commerciales accordées que la gratuité des services ou le remboursement de taxes ne sont pas compatibles avec les réglementations française et européenne et qu’elles ne respectent pas le principe d’égalité des usagers des services publics. La SAGEB ne pouvait en outre justifier ces remises et gratuité par un comportement d’investisseur avisé en économie de marché.
Aujourd’hui, les accords commerciaux entre la SAGEB et Ryanair se poursuivent et la situation perdure malgré les remontrances de la cour des comptes. Cela se fait au su du SMABT qui se rend complice de la situation et qui pourtant subit également un important manque à gagner par la minoration de la redevance fixée au contrat de délégation de service public.
6.2 Un modèle économique qui peut mettre en difficulté l’aéroport
L’activité, si elle est exploitée à perte par la SAGEB pour ce qui concerne la compagnie Ryanair, est financée, insuffisamment, par le service public de transport terrestre entre Paris et l’aéroport de Beauvais-Tillé, concédé à la filiale de la SAGEB.
Sans concurrence sur ce secteur, malgré les attaques de quelques autocaristes, les prix pratiqués par l’exploitant sont calqués sur celui du transport en train. Les revenus de cette activité représentent près de 50% des revenus de l’ensemble, l’autre source importante de revenus étant la tarification des parkings de l’aéroport puis les concessions des emplacements commerciaux (restaurants, duty-free, locations de voitures…).
Sur le transport terrestre également planent des incertitudes tant que la SAGEB n’aura pas trouvé une solution de remplacement à la suite de la suppression en fin d’année 2019 du parking Pershing de la Porte Maillot où elle embarque les passagers dans ses autocars à destination de l’aéroport de Beauvais.
L’étude des comptes de la SAGEB, à moins de 3 ans du terme de la concession, montrent qu’il reste un grand nombre de gros travaux d’entretien et de remplacement, pour restituer les installations au concédant en fin de concession conformément aux stipulations du contrat (parfait état d’entretien). Il est moins que certain que les revenus de la SAGEB lui permettra d’effectuer ces travaux. Le concédant, SMABT, n’a pas encore fait d’audit des installations alors qu’il reste peu de temps pour que ces travaux soient réalisés.
En effet, le bénéfice déclaré pour 2018 est seulement de 119.495€ pour un chiffre d’affaire de 54.872.766€ soit 0,2% du chiffre d’affaire. Ce très faible bénéfice positif cache en réalité le report par la SAGEB d’une partie du programme de Gros Entretien, provisionné initialement à 7.430.000€ en cumulé depuis le début de la concession (2008) et réalisé à seulement 5.546.000€ à fin 2018, soit un retard de 2.721.000 € de travaux reporté pour manque de résultats financiers.
L’augmentation de l’amplitude des horaires d’ouverture de l’aéroport va accroître encore ce déficit pour la SAGEB qui devra assurer la maintenance des services de l’aéroport 24 heures sur 24 et 7j / 7 sans que les compagnies ne payent plus de recettes à l’aéroport.
Il est de pratique courante que certains concessionnaires ne réalisent pas les travaux requis pour qu’en fin de concession le contrat ne puisse être renouvelé qu’au profit de l’exploitant sortant. Il ne faudrait pas que ce soit le cas pour la SAGEB et le SMABT doit être très attentif.
Faire dépendre l’équilibre économique d’un aéroport d’une seule compagnie, et en plus si cette compagnie est Ryanair, est un exercice périlleux qui peut conduire à une situation financière difficile en fin de contrat notamment. Que se passerait-il si Ryanair décidait de quitter la plateforme de Beauvais ?
6.3 Un modèle social peut éthique
Ryanair est une compagnie connue pour imposer à ses employés des conditions de travail parmi les pires du marché. Nous ne souhaitons pas nous étendre sur ce point. Nous avons lu les ouvrages écrits par des employés et ne pouvons souscrire à l’éthique sociale de l’entreprise.
Elle évolue positivement cependant forcée par les décisions des cours et tribunaux mais sans enthousiasme de la part de la compagnie.
6.4 Une concurrence déloyale aux compagnies traditionnelles
Les remises et conditions commerciales accordées à Ryanair sont exorbitantes des conditions habituelles sur les plateformes aéroportuaires. Ce sont ces remises et gratuité qui permettent à Ryanair de vendre des billets d’avion à si bas prix. Nous avons vu un Barcelone-Beauvais à 9€ taxes incluses. Comment justifier des tels prix si ce n’est par les aides déguisées dont bénéficie la compagnie.
Ces pratiques sont dangereuses pour la profession. La guerre des prix est inégale notamment pour les compagnies françaises qui respectent la réglementation et dont les salariés bénéficient, eux, de conditions d’emploi plus favorables.
En 2018 nous avons participé aux assises du transport aérien dont l’objectif était le développement du pavillon français. Avec Ryanair, il nous semble que l’objectif ne peut être atteint tant la concurrence, déloyale car rendue possible uniquement par les aides et subventions déguisées mentionnées ci-dessus, est rude.
Des compagnies ont déposé leur bilan, Air France n’est pas au mieux de sa forme, on ne peut laisser prospérer des modèles économiques destructeurs du marché.
6.5 Ryanair, un modèle limite concernant les réglementations économique et environnementale
Comment laisser Ryanair dévorer la concurrence, notamment française, grâce à un modèle économique non vertueux ?
La Cour des Compte a considéré que tant les remises commerciales accordées à Ryanair, que la gratuité des services ou le remboursement de taxes ne sont pas compatibles avec les réglementations françaises et européennes et ne respectent pas le principe d’égalité des usagers des services publics.
La poursuite d’une activité sur cette base à Beauvais risque de mettre en péril l’activité de l’aéroport dont une partie des services font l’objet d’une vente à perte et dont les résultats ne permettent pas d’engranger les revenus suffisants pour répondre à ses obligations aux termes du contrat de délégation de service public concernant les gros travaux d’entretien des installations aéroportuaires.
Le remboursement par la SAGEB à Ryanair de la TNSA, taxe sur les nuisances sonores aériennes, est d’autant plus choquant que la taxe est fondée sur le principe « pollueur-payeur » établi par l’article L110-1-I-3°du Code de l’environnement :
« Le principe pollueur-payeur, selon lequel les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur »
Ce faisant, la SAGEB et Ryanair sont en infraction avec le Code de l’environnement
En conclusion, l’ADERA et les riverains qu’elle représente, s’opposent au projet d’arrêté modifiant le couvre-feu instauré par un arrêté ministériel de 2002. Les conséquences de la modification du couvre-feu qui est projetée dans l’unique but de permettre à Ryanair d’établir une base à l’aéroport de Beauvais-Tillé et d’accroître l’activité de l’aéroport de façon non maîtrisée, sans étude de l’impact environnemental et dont l’impact économique rapidement brossé par la SAGEB et le Préfet manque terriblement de précision, bouleverseront le cadre de vie et affecteront la santé des riverains de l’aéroport. Ce projet est contraire aux principes de droit français rappelés ci-dessus et doit être abandonné.
Fait à Milly-sur-Thérain, le 2 novembre 2019
Pour l’ADERA, sa présidente,
Dominique Lazarski